La crise de la Covid-19 et le confinement qui s’en est suivi ont-ils été des accélérateurs de la digitalisation des formations?
La digitalisation était déjà en cours. Nous étions dans une logique de mise en œuvre et de déploiement de la réforme sur la formation professionnelle. Nous avons effectué un gros travail depuis sept ans et créé 27 titres enregistrés au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) autour de 150 blocs de compétences. Nous nous sommes toujours positionnés comme des certificateurs de compétences. Dès la mise en ligne de l’application « Mon compte formation » (https://www.moncompteformation.gouv.fr/espace-prive/html/#/) nous avons mis en ligne la filière RH, avec 7 titres RNCP et 30 blocs de compétences, et la filière Management avec 3 titres RNCP et 15 blocs de compétences.
Le confinement a provoqué un arrêt brutal des formations de la part des entreprises et nous les incitons aujourd’hui à anticiper les inscriptions pour la rentrée 2020. Les individus ont encore du mal à se projeter car certains sont encore au chômage partiel, d’autres continuent à travailler à distance.
En matière de formation continue, comment réagissent aujourd’hui les entreprises?
Il y a eu une coupure nette. Nous sommes inquiets aujourd’hui des conséquences de la Covid-19 sur les contrats d’apprentissage. Nous craignons que le développement de l’apprentissage ne soit freiné car de nombreuses PME, et surtout celles de moins de 20 salariés, sont en difficulté.
Quelles nouvelles solutions proposez-vous ?
Nous sommes déjà dans des logiques de mutations pédagogiques en développant des formules en blended-learning. Nous avons également mise en place des classes inversées et digitalisé l’ensemble de nos titres. Le Master RH est passé en mode digital le 5 mai dernier. La version digitale comprend tout de même un fort accompagnement et suivi des progressions. La technologie est aujourd’hui à la pointe pour innover en matière de formation RH en ligne. Les certifications se font toujours en présentiel.
Quels sont vos prochains objectifs ?
De continuer à nous développer en matière d’apprentissage. Les entreprises développent de plus en plus leur CFA mais nous devenons des partenaires sous-traitants. La logique du CFA sans murs s’impose. Nous avons par exemple noué un partenariat avec le Groupe La Poste. Nous leur apportons notre expertise métiers.
Comment voyez-vous évoluer la filière RH ?
Elle doit être de plus en plus à la pointe. Elles doivent être le symbole au sein de l’entreprise de la réconciliation entre la responsabilité sociale et le développement économique. Pendant la crise les DRH ont été sur le pont. La fonction RH a pu démontrer toute sa dimension sociale et économique avec la nécessité de la continuité puis du redémarrage des activités. Aujourd’hui nous articulons l’ensemble de nos offres en blocs de compétences afin de cibler les besoins spécifiques des entreprises par rapport à une situation donnée. Nous avons par exemple un bloc dédié aux relations sociales et un autre à la transformation digitale des organisations. Nous avons autant de stagiaires qui veulent obtenir un diplôme complet que de stagiaires qui souhaitent un certificat de maîtrise de compétences. Notre offre digitale suit la même logique avec la possibilité d’obtenir des titres ou des blocs de compétences. On voit de plus en plus s’opérer une transversalité fonctionnelle des métiers. Nous réfléchissons aujourd’hui à la construction d’un bloc de compétences autour des Soft skills. Nous travaillons beaucoup sur l’ingénierie pédagogique des blocs de compétences car les entreprises recherchent de plus en plus une montée en puissance de l’expertise.
Propos recueillis par Christel Lambolez