Tribune d’Armand De Coussergues, président de l’Institut Supérieur de l’Environnement.
Le sens au travail est devenu un critère incontournable pour les professionnels. Zoom sur les métiers de la transition écologique qui offrent un compromis idéal entre rémunération et impact concret. 4 millions d’actifs, soit 14% de l’emploi en France. Voici le poids pesé par les emplois verts ou verdissants dans l’Hexagone. Si ce chiffre est en constante augmentation, beaucoup hésitent à choisir ce domaine pour leur reconversion. Parce qu’il existe peu de formations spécialisées et de qualité, mais qu’ils souffrent aussi d’une faible visibilité, les métiers liés à l’environnement font parfois l’objet d’une méconnaissance. Or, ils sont essentiels à l’avènement d’une économie de la transition nécessaire pour être à la hauteur du défi posé par le dérèglement climatique. Ils répondent également à une attente de sens exprimée par les collaborateurs. Dès lors, comment lever les freins et briser les idées reçues autour de la formation aux métiers de l’environnement ?
Des métiers de plus en plus inclusifs…
Les métiers verts rassemblent une pluralité de secteurs : de l’agriculture à la finance, en passant par les services ou l’industrie, les opportunités sont légion. Contrairement à certaines clichés, un métier vert, ce n’est pas « remplacer les gobelets en plastique ». Il s’agit plutôt de contribuer à développer une organisation de manière rentable… et durable. De nouveaux métiers ont ainsi émergé, à l’image de l’expertise bilan carbone dont le rôle est d’établir le diagnostic énergétique d’une structure et des moyens d'action pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Un emploi rarement externalisé par les structures, tant ce dernier détient des informations majeures sur l’entreprise. À l’urgenceclimatique s’ajoute celle de la réglementation. Par exemple, l’obligation d’établir un reporting extra-financier, pour les entreprises de plus de 500 salariés et selon les résultats réalisés, suppose des compétences et une méthodologie spécifiques.
Ainsi, les entreprises s’emparent du sujet de la transition et sont en attente de nouvelles
compétences de leurs collaborateurs. En 2021, par exemple, 10 % des offres d’emploi sur Linkedin incluaient au moins une compétence verte. Preuve de cet engouement, le secteur de la RSE connait une certaine pénurie de talents face à la demande croissante. En changeant d’entreprise, selon les profils, il est même possible de faire progresser son salaire de 20%. Un bénéfice financier indéniable qui se conjugue à la quête de sens exprimé par les professionnels, en particulier depuis la période Covid.
… qui font écho au besoin de « sens » révélé par les professionnels
En effet, 4 actifs sur 10 envisagent de quitter leur emploi actuel au cours des 2 prochaines années pour un emploi qui aurait plus de sens. Si la reconnaissance en termes de rémunération est importante, se sentir utile et avoir un impact au quotidien est essentiel. Les professionnels cherchent désormais à acquérir des compétences plus en phase avec la préservation de l’environnement. Parmi elles, l’esprit critique, l’inventivité, l’adaptabilité, la capacité à résoudre un problème et à penser son environnement de façon systémique ou encore à envisager des futurs possibles. Cette tendance est portée politiquement par l’Union européenne qui a initié un pacte du climat impliquant le développement de ces compétences vertes. L’objectif ? Exhorter les enseignants et formateurs à placer la durabilité au cœur du système éducatif, et par extension, du monde professionnel.
C’est justement l’ambition l’Institut Supérieur de l’Environnement, l’Ecole pionnière des métiers de l’environnement. Depuis 1993, elle offre l’opportunité à tous de prendre part à un cursus axé sur les besoins des entreprises et prenant en compte les nouveaux enjeux liés à la transition. Un master finance durable a, à titre d’exemple, récemment été lancé pour répondre aux attentes en matière de formation, exprimées sur ce secteur. Car si beaucoup de diplômes centrés sur la « finance » existent déjà, peu incluent la dimension « durable » qui est pourtant incontournable aujourd’hui.
Au-delà de ce cas, l’objectif est de démocratiser la formation aux métiers de l’environnement et leur
impact. Chacun doit pouvoir accéder à ce type de cursus et être informé des nombreuses
opportunités professionnelles liées à ce domaine. Une étape indispensable pour donner les moyens à notre jeunesse de concrétiser son engagement croissant.