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vendredi 26 avril 2024

Sciences Po lance son executive master "Digital Humanities"

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A l’occasion du lancement de son executive master, l’école a organisé, le 1er octobre dernier, la conférence « Humanité digitalisée, entreprise augmentée ».

 

« Qu’est-ce que la civilisation digitale ? Comment l’entreprise doit-elle se servir du digital pour parfaire sa gestion des connaissances et augmenter sa compétitivité ? Quelles stratégies doit-elle développer pour perdurer dans le nouveau monde digital ? ». La conférence de Sciences Po « Humanité digitalisée, entreprise augmentée », organisée le 1er octobre 2014 à l’occasion du lancement de son master executive, visait à répondre aux enjeux cruciaux de l’entreprise, de notre société.

Dirigé par Benoît Thieulin, fondateur et directeur de l’agence La Netscouade et président du Conseil National du Numérique, le nouveau master executive est destiné aux professionnels pour repenser leur métier et surfer sur les opportunités offertes par le digital afin d’agir sur la transformation des organisations. Le but : donner les clés pour faire face aux changements de paradigme. Le cursus diplômant se veut innovant également dans son apprentissage avec la mise en œuvre du « learning by doing » et des cours dispensés en coordination avec le médialab de Sciences Po.

 

 

Le Numérique : une industrie florissante, fruit d’un cumul de plusieurs innovations

 

 

« Les entreprises françaises sont à la traîne. Elles n’arrivent pas à trouver des solutions pour s’adapter rapidement aux demandes et besoins des consommateurs, commence Guy Mamou-Mani, président du Syntec Numérique, La France se place pourtant au 4e rang mondial et au 1er rang européen concernant la gouvernance sur Internet. Mais existe une xyzophrénie de l’Etat vis-à-vis du Numérique, assimilé souvent à des pertes potentielles d’emploi. Or, notre Industrie du Numérique est florissante, crée 400 000 emplois par an, et a un chiffre d’affaires de 40 milliards. Nos formations sont enviées dans le monde entier. Aujourd’hui, un de nos combats les plus importants concerne la formation. Nous avons introduit le codage à l’école. Dans le nouveau monde, il va falloir structurer nos façons de penser afin de favoriser l’émergence de l’entreprise augmentée. » Benoît Thieulin commente : «  A l’origine de la création d’Internet, il y avait un esprit de résistance. On est incapable de dire qui l’a inventé. Développé par les budgets militaires, Internet est apparu dans le domaine public dans les années 90. On sait que dès la fin des années 60, les jeunes californiens travaillaient déjà sur des projets dans le but de transformer les valeurs de notre société. Internet n’est pas une invention fortuite et a permis de relier les professeurs pour qu’ils coopèrent entre eux. Internet est le résultat d’une vision sociale et politique partagée qui a été portée par des sauts technologiques. L’accumulation d’innovations, pendant une trentaine d’années, nous a conduits à une révolution culturelle équivalente à celle que nous avons connue lors du passage de la culture orale à la culture écrite. Aujourd’hui, nous devons avoir une approche multidimensionnelle et globale. »

 

 

Penser citoyen, global, ouvert et connecté

 

 

Le président continue : «  Il nous revient de choisir quelle société numérique nous voulons bâtir ensemble demain. Le changement de civilisation est très loin d’être écrit. On parle beaucoup des « Digital natives », cette génération qui est née avec les nouvelles technologies. Or, on ne forme pas, « nativement », des citoyens du Net. Nous sommes sortis du temps de l’innocence et nous devons aujourd’hui politiser les sujets relatifs à l’évolution numérique. »

« Dans l’histoire de l’humanité, les innovations ont été détournées, notamment à des fins guerrières, renchérit Xavier Marvaldi, digital chief Innovation officer chez L’Oréal, De nos jours, il en va de notre responsabilité citoyenne d’anticiper et de nous protéger des dérives éventuelles. Il va falloir également développer son adaptabilité et s’entraîner à apprendre et désapprendre afin de survivre dans ce nouveau monde. Le constat actuel est que l’innovation ne suffit plus à nos consommateurs. C’est pourquoi, nous réfléchissons à développer l’innovation intégrée destinée à nos services qui constitueront une nouvelle valeur ajoutée. Nous avons par conséquent mis en place l’ « open innovation » qui permet la rencontre et le mixage de pensées disjointes. Ainsi, nous partageons avec d’autres industries les risques mais également les récompenses. Nous voulons également nous rapprocher des entreprises High-tech, Google, Apple, Cisco … dans le but d’inventer les services de demain. L’année 2015 sera l’année des objets connectés. L’humain sera « always online » et deviendra un élément de l’Internet. Outils de mesure permanente, les objets connectés vont peu à peu devenir nos propres extensions. »

 

 

Internet : un enjeu politique ?

 

Même constat chez Michel Wieviorka, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales : le Big Data nous fait entrer dans un nouvel univers de pensées, de travail. Cela influe sur les rapports sociaux car chacun d’entre nous est plus transparent. « Cet univers a besoin d’être éclairé, insiste le directeur, Nous avons besoin aujourd’hui de personnes compétentes pour faire des sciences sociales en intégrant le numérique. »

Les entreprises leaders sur le Web ont en effet des velléités autres que le simple service rendu aux utilisateurs. Ainsi, les intentions de Google, dans un monde hyper-connecté, visent à définir, voire à influencer ce que sera notre vie future. Avec le Big Data et les objets connectés, l’anonymat devient peu à peu une utopie dans ce monde. Grâce au stockage des données, Google fait de nombreuses recherches pour imaginer le futur et a même lancé son Université de la singularité qui tend à résoudre la maladie et la mort ! Benoît Thieulin témoigne : « Google a une vision du monde et un vrai projet politique. C’est une entreprise à part qui a une place à part. » Cependant même si sa baseline est « Don’t be Evil », « à quel point une élite peut-elle nous dicter sa vision ? », questionne Michel Wieviorka.

Aujourd’hui, quelle maîtrise ont les citoyens sur leur vie, leurs données, leur devenir ? Les frontières entre vie privée et vie publique sont abolies et bien que la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) contrôle, il va devenir difficile de veiller au respect les droits de chacun quant à la récolte et l’utilisation par les entreprises des données personnelles.

La question est de savoir aujourd’hui si les citoyens vont avoir le pouvoir de récupérer et de gérer leurs propres données. D’ailleurs, le Trophée excellencia 2014, lancé par la commission Femmes du Numérique de Syntec Numérique, en partenariat avec l’EPITA (école d’ingénieurs en informatique, membre de IONIS Education Group), a été remporté par Agnès Jbeily fondatrice de Datanoos, dans la catégorie « Créatrice d’entreprise numérique ». Son entreprise a pour volonté de faciliter la réappropriation des données personnelles par les utilisateurs dans un but d’échange commercial avec les marques pour les aider à définir grâce à leurs besoins, préférences et envies, les futurs produits. La question de la finalité des usages des données va donc devoir être débattue, sérieusement.

Aujourd’hui toutes les données du monde sont disponibles ainsi que les processeurs. Selon Pierre Levy, philosophe, docteur en sociologie, directeur de la Chaire d’Intelligence Collective à l’Université d’Ottawa, « la révolution en marche va être celle de la démocratisation du Big Data ». Mais attention : « de la gestion collaborative des données, dépendront l’organisation de notre mémoire collective et notre devenir ».

 

Christel Lambolez

 

 

 

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