Loin d’être un simple fournisseur de CV, le responsable recrutement est un conseiller, un pédagogue, mais également, tout comme l’ensemble des professionnels RH, proactif sur les réseaux et dans la gestion des carrières. Ses compétences sont donc de plus en plus larges. « Il est la clef de voûte de toute l’organisation touchant au recrutement, remarque Pascal Doffemont, consultant chez Hudson, cabinet de recrutement. Il se doit d’être proche des opérationnels pour connaître et analyser leurs besoins et ainsi mieux répondre aux attentes du business ». Plus encore. A l’heure du traitement de données numériques, il devient nécessaire pour lui de maîtriser les outils informatiques et le Big Data pour mieux trier et sélectionner les candidats. Or, les responsables recrutement ne sont encore pas formés aux mathématiques statistiques pour traiter les nombreuses données collectées sur les salariés et candidats à l’emploi. Et beaucoup restent encore sceptiques face à l’avènement de cette technologie.
En renfort des établissements de formation
Or le responsable recrutement ne peut plus recruter sans stratégie. Ce que confirme Anne Bonal, responsable recrutement chez CGI : « Il est fondamental de mettre en place la meilleure stratégie de recrutement : choisir les modes de recrutement les plus appropriés en fonction des profils recherchés, être réactif dans le processus de recrutement et accompagner l’expérience candidat jusqu’à la sélection finale et l’intégration. » D’autant plus que les budgets sont serrés et que l’externalisation – telle que faire appel à un cabinet de recrutement – coûte chère. Mais cela ne suffit plus pour mieux se faire rencontrer l’offre et la demande. Pour Anne Bonal : « L’enjeu majeur pour les années à venir est l’adéquation entre les besoins des entreprises et les formations proposées au sein des écoles. Avec l’arrivée des MOOC et des médias sociaux, l’école telle qu’on la connait se transforme. Nous devons en tant qu’entreprise aider les établissements de formation pour que ces derniers forment les futurs talents et pour que l’on puisse les embaucher facilement par la suite. » Les responsables recrutement doivent devenir des partenaires-clés de l’enseignement. Car les entreprises n’ont pas à l’heure actuelle toutes les compétences dont elles ont besoin, particulièrement sur des profils techniques spécifiques. « Nous rencontrons une pénurie de candidats pour des profils de développeurs et d’experts techniques pour lesquels il existe une très forte concurrence sur le marché », explique la responsable recrutement de CGI. Tandis que les écoles ne peuvent mettre en place de vastes programmes de formation pour quelques postes par an. Le responsable recrutement peut alors jouer un rôle-clé dans l’apprentissage de compétences complémentaires, en intervenant en classe mais aussi en participant à l’élaboration des programmes de formation avec le corps professoral. On voit alors que se dessine peu à peu une imbrication étroite entre les différentes fonctions recrutement-formation-carrière. A l’avenir, le responsable recrutement sera inévitablement sur tous les fronts, et sa fonction de plus en plus hybride.
Sophia Amar