Interview de Frédérick Marchand, co-fondateur de Digital4better.
Concilier transformation numérique et responsabilité sociétale : voilà un challenge de taille. En quoi les DRH sont-ils en première ligne sur ce sujet ?
Le numérique représente 4 % des gaz à effet de serre. En digitalisant à outrance, nous courons à la catastrophe. La crise a été un accélérateur de prise de conscience. Les DRH sont en première ligne car il leur faut sensibiliser et accompagner les collaborateurs, qu’ils soient seniors ou juniors, afin qu’ils pensent les outils numériques de manière plus respectueuse de l’environnement mais également des personnes. En effet, un tiers des Français ne disposent pas d’une compétence clef en numérique, cette forme d’illectronisme constitue un problème trop ignoré.
La quête de sens est un sujet phare, pour les collaborateurs comme pour les clients. Au-delà des enjeux sociétaux, ce sujet est catalyseur : il remet du sens dans le travail de chacun. Une approche numérique responsable constitue un élément concret de la raison d’être de l’entreprise. Cette question de raison d’être est d’ailleurs au cœur de la loi Pacte avec les entreprises à mission. Les belles valeurs ne se décrètent pas. Les DRH doivent dépasser les grands discours et déployer concrètement leur marque employeur. Une transformation numérique responsable est le pivot entre transition énergétique de l’entreprise, transformation digitale et déploiement des valeurs au service de cette quête de sens. La DRH est au cœur de ce triple contexte et cela constitue une opportunité pour la marque employeur. Concilier transformation numérique et responsabilité sociétale fait sens pour les DRH et cela met en valeur la raison d’être de l’entreprise et sa déclinaison sur l’ensemble des parties prenantes.
Alors que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est devenue un véritable critère d’investissement, les entreprises ont besoin d’être accompagnées pour relever un triple défi : coupler transformation numérique et transition écologique ; faire du numérique un formidable levier social et non une source d’exclusion ; valoriser leur responsabilité sociétale, très importante pour des salariés et clients en quête de sens.
Nous avons créé Digital4better en 2020 pour leur proposer des outils digitaux avec un meilleur impact et qui apportent un triple ROI : économique, environnemental et social.
Comment calculez-vous ce triple ROI économique, environnemental et social concrètement ?
Nos développeurs et concepteurs s’appuient sur une démarche agile au service d’un impact positif. Concrètement, nous analysons chacune des fonctionnalités sous l’angle de la sobriété, à savoir si le service sera réellement utile, utilisable et utilisé. Nous faisons ressortir également l’impact sociétal positif ou négatif de la fonctionnalité, en plus de son impact métier.
Au-delà de l’expertise de nos intervenants, nos clients s’appuient sur notre logiciel Fruggr, qui mesure l’impact environnemental et social des services numériques développés. Ce sont là des éléments factuels intéressants pour communiquer en interne comme en externe. Au-delà du retour sur investissement, cela génère du sens à l’action et un fort sentiment de fierté des équipes.
En termes de résultats concrets, en moyenne, nous divisons par 2,5 l’empreinte environnementale des applications digitales. L’impact social est un peu plus difficile à mesurer : nous rendons les parcours plus simples et plus accessibles et permettons ainsi que 5 % de la population en plus accède aux outils. Notre vocation est en effet de développer l’accessibilité aux services numériques en travaillant sur l’illectronisme et le handicap notamment. Il est important de penser son service numérique pour des personnes fragilisées le rendre accessible au plus grand nombre.
Le numérique a prix beaucoup de place dans nos vies. Avoir une approche numérique à impact positif est un bon moyen de déployer de manière concrète sa marque employeur. C’est un vrai enjeu sociétal. Aux entreprises de le saisir.