Le digital learning manager est une évolution de l’e-learning manager. Ce spécialiste de la formation ne se contente pas d’intégrer du numérique dans les programmes qu’il propose mais doit créer des parcours multimodaux pour répondre de façon efficace au besoin d’évolution des salariés. Le métier devrait monter en puissance au cours de prochaines années, déjà parce qu’il permet de rationaliser les coûts de la formation. « Les grosses entreprises ont de moins en moins de budget, rappelle Élise Jacquin, digital and innovation learning manager chez AirFrance. Le DLM a pour mission de créer des parcours de formation digitaux qui évite le présentiel qui coûte cher. » Son utilité au sein d’une entreprise correspond aussi aux évolutions de la sphère des RH. « Historiquement, les DRH n’ont pas toujours considéré la formation comme quelque chose de prioritaire, considère Antoine Amiel, co-fondateur de LearnAssembly. Des universités ont été créés au sein des grands groupes mais pour les cadres et les directeurs seulement. Cette culture est une vision dépassée. Aujourd’hui, tous les salariés sont concernés par la formation. »
Algorithmes et intelligence artificielle
La fonction du DLM devrait même aller plus loin. Si son rôle consiste déjà à identifier des besoins précis et à adapter les outils aux habitudes des salariés, cette fonction devrait s’orienter vers une plus grande personnalisation de l’offre de formation. « Les équipes essaient de délivrer des contenus toujours plus adaptés aux personnes visées, confirme Élise Jacquin. Les DLM de demain devront sûrement recourir à des algorithmes et à de l’intelligence artificielle pour se rapprocher davantage de l’utilisateur final. »
Cette personnalisation ira de pair avec le besoin continue de formation. « Je ne crois pas en la mort de la présentielle, mais le DLM de demain devra trouver le moyen d’insuffler de la formation à tout moment dans la vie d’une société, et non plus à un moment dédié, indique Laëtitia Benet, digital learning ambassador chez Abilways, un groupe multi-spécialiste dans la formation professionnelle. Par exemple, j’ai un problème en situation de travail, il faut que je sois capable de le régler dans la seconde, c’est à ce type de solution que devra penser le DLM. » Il devra pour cela trouver les solutions les plus adaptées : le peer-to-peer learning (ou l’apprentissage par les pairs), les chabots, etc. « Il devra être présent au quotidien. Mais de quelle manière, je ne sais pas ! »
En tout cas, du fait de l’intégration toujours plus importante du digital dans les parcours de formation, que ce soit comme outil ou comme moyen de communication, il est possible que la fonction fusionne avec celle de responsable de formation, selon Antoine Amiel.
Learner Success Manager
Pour Elodie Primo, le volume de travail devrait d’ailleurs prendre une telle ampleur que le poste pourrait finir par se décliner en différentes fonctions. « Le DLM doit connaître énormément de choses. Il va falloir découper ce poste en équipes de spécialisations : management de la communication, marketing pour vendre les formations produites, en IT, en projet ou encore en pédagogie… » Ce seront autant de métiers qui auront pour vocation d’épauler le DLM. Il devrait aussi être secondé par un Learner Success Manager. « Des professionnels vont se concentrer davantage sur la façon d’engager encore plus les participants dans une formation, poursuit Elodie Primo. D’autres métiers vont se développer autour du DLM pour enrichir et compléter l’expérience apprenante et humaniser encore plus le digital learning. » Enfin, pour les entreprises qui n’ont pas une taille suffisante pour avoir un département dédié à la formation, le recours à du conseil en externe devrait s’étendre. Le DLM de demain pourrait aussi prendre la forme d’un expert indépendant exerçant au sein d’un cabinet.
Chloé Goudenhooft