Interview de Marie-Pierre Dequier, cofondatrice ze.game.
Vous proposez aux entreprises de travailler les softskills de leurs collaborateurs en leur offrant un parcours original par le jeu. Pourquoi cela fonctionne-t-il mieux selon vous que les formations et coaching de développement personnel ?
Le travail sur les softskills des collaborateurs est primordial pour réussir des changements pérennes des individus et des organisations. Il est en effet nécessaire pour s’adapter aux mutations du monde du travail. Selon l’OCDE, 80 % des compétences attendues pour naviguer dans le monde de demain seront des compétences transverses : Communication, Collaboration, Pensée Critique et Créativité. Ze.game y a ajouté l’alignement Corps/Esprit qui permet de prévenir le stress au travail notamment.
Nous avons initialement travaillé sur l’intelligence collective et nous sommes rendus compte qu’il fallait d’abord travailler l’individuel : partir de la personne pour l’aider à retrouver son élan de vie afin qu’elle se positionne sainement dans le collectif et atteigne ses objectifs de vie. Inspiré par des méthodes de coaching, nous entendons aider à passer d’un monde où le changement est subi à un monde où l’individu apprend à réussir, passant d’un fixed mindset à un growth mindset.
Le constat aujourd’hui est que les collaborateurs en ont assez des formations. Nous voulons avant tout leur proposer un format qui les motive et les engage, qui s’insère aisément dans le monde de l’entreprise [des séances de 2h tous les 15 jours dans un projet collectif de 6 mois], pour un résultat performant et mesurable.
L’approche par le jeu apporte un changement radical de posture : les obstacles et expériences sont abordés comme des opportunités de grandir dans une ambiance festive, authentique qui favorise les apprentissages en pair à pair. Les joueurs font des expériences inédites en situation de travail en s’appuyant sur le cadre sécurisant et ressourçant de leur équipe. Ils renforcent leurs compétences et leurs capacités à affronter l’incertitude et à collaborer.
Vous misez sur l’émulation par le jeu construit autour du voyage du héros, avec 140 challenges d’intensité progressive et une progression sur 25 capacités. Un peu plus de détails sur votre aventure.
Concrètement, nous appelons les collaborateurs à l’aventure en leur demandant choisir leur héros inspirant ; ils établissent un pacte d’alliance qui les met en coresponsabilité, posent leurs règles de vie et de gestion des conflits ; les joueurs relèvent ensuite des challenges gradués en 5 niveaux d’intensité à partir de situations professionnelles concrètes. Ces challenges sont progressifs pour leur apprendre à réussir. Cela peut être des challenges sur le digital, les outils collaboratifs, le lâcher-prise, la médiation, l’innovation…
Exemple de challenge autour de la compréhension des différences de fonctionnement : Les participants commencent par faire un MBTI en ligne puis partagent leurs résultats pour se rendre compte que chacun est singulier et a besoin de modes de communication différents. Ils vont ensuite jouer un rôle opposé au leur.
Ce challenge crée de l’empathie, de la compréhension, une meilleure communication et prévention des conflits.
Lorsque par exemple, une organisation veut travailler à sa transformation managériale : nous allons d’abord clarifier son sens, et travailler sur comment les dirigeants peuvent incarner ce changement. Une grille de questionnement permet aux participants de définir leurs propres objectifs et leurs bénéfices à participer à l’aventure (ressources, peurs, croyances, sur quoi ils ont besoin de progresser…). Les participants se rassemblent en équipe de 8, par affinités et type d’énergie.
Au fur et à mesure de leur parcours, les participants vont gagner des points sur les softskills utilisées sur les challenges, leur objectif : en avoir le maximum.
Les séances d’équipe accélèrent les apprentissages et pérennisent les acquis des challenges : pour valider leurs points. Ils doivent réfléchir sur ce qu’ils ont fait, partager à l’équipe ce qu’ils ont appris et surtout transmettre leur expérience à l’équipe, car c’est en transmettant qu’on fixe un apprentissage de manière la plus pérenne. Ils sortent énergisés de ces séances de partage de challenges
Vous parlez de résultat mesurable… pouvez-vous détailler et nous parler du retour sur investissement pour les collaborateurs et entreprises ?
Avec la DRH, nous identifions les softskills à développer en priorité et choisissons les challenges en conséquence. Les entreprises attendent des résultats tangibles… Nous avons créé une grille de mesure des softskills : les collaborateurs suivent la progression de leurs softskills tout au long du parcours et in fine, au travers d’une évaluation en 360° par l’équipe. Cela leur donne leur niveau absolu sur les 5C -à savoir pensée critique, créativité, communication, collaboration et alignement corps/esprit – et les 25 capacités rattachées.