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vendredi 19 avril 2024

Le responsable formation devient un stratège compétences

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Un entretien avec Laurence Delord, responsable du Pôle Innovation – Développement à la Direction Emploi Formation de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie).

 

 

Pouvez-vous nous rappeler brièvement les enjeux en termes de recrutement et de formation au sein de l’Industrie ?

 

Les prévisions de recrutement dans les industries de la branche de la Métallurgie sont de 80 000 à 100 000 personnes par an jusqu’en 2020 selon l’Observatoire des métiers de la Métallurgie. Avoir les compétences attendues est stratégique pour les secteurs de l’industrie qui doivent les développer pour rester performants et innovants notamment à travers la formation. Mais à l’heure actuelle, il n’est plus possible de déconnecter gestion des compétences et actions de formation.

Le périmètre de responsabilité du responsable formation doit donc nécessairement s’élargir.

Selon vous les responsables formation doivent être la partie prenante au sein des Universités d’entreprise ? Quelle est votre analyse ?

Selon les entreprises, l’initiative de la création des universités d’entreprise varie mais les directions formation sont parfois secondaires dans leur mise en oeuvre. Or le rôle des Universités d’entreprise va bien au-delà de celui de valorisation de la marque employeur de l’organisation, dont la responsabilité est prise en charge à juste titre par les directions Communication. Il faut en effet les recentrer sur leur l’objectif initial qui est le développement des ressources de l’entreprise.

Or, c’est le responsable formation « nouvelle formule » dont l’équivalent anglo saxon rend mieux la légitimité – « learning and development manager » – qui peut bâtir une réelle stratégie de développement des compétences. L’université d’entreprise doit toujours être en support d’une stratégie et la diffusion de parcours de formation n’est qu’un des éléments de celui-ci. Elle doit notamment devenir le lieu de capitalisation des savoirs et compétences tacites, ceux que le périmètre « traditionnel » de la formation ne rend pas au-delà des responsables métiers identifiés.

Comment s’articulent les synergies entre accompagnement au changement et formation ?

Accompagner le changement s’appuie toujours sur deux axes : la communication et la formation.

Au cours de mes différentes missions, j’ai toujours couplé au sein des entreprises , changements organisationnels et culturels, et mise en oeuvre de projets. C’est systématiquement le cas sur des projets de type mise en place des stratégies e-learning comme j’ai pu le développer au sein du groupe PSA en 2001. Il a fallu proposer un schéma directeur, une vision de ce que recouvrait cette notion d’autant plus vague à l’époque, pour les 200 000 collaborateurs du groupe, et associer la gestion des compétences à la formation. Il était impossible de ne pas travailler le changement engendré pour les acteurs formations. Sans concevoir et mettre en place des parcours spécifiques de formation en anticipant la professionnalisation de leurs métiers, le projet dans son ensemble aurait été un échec.

Comment voyez-vous l’avenir du responsable formation ?

Avec l’introduction des nouvelles technologies de formation, non seulement la posture du formateur change mais également le périmètre des acteurs formation . Il est désormais banal de dire qu’il n’est plus le « sachant », le diffuseur de savoirs et qu’il devient un guide ou un médiateur. Il est important également que la notion d’ingénierie pédagogique soit interrogée et orientée vers le développement des compétences.

Les nouvelles technologies permettent d’associer aujourd’hui la personnalisation des parcours individuels et l’apport de compétences. Le formateur est en charge de montrer le chemin à l’apprenant qui devient un acteur de son propre parcours et du développement de son employabilité. La formule des débuts du e-learning « se former au juste besoin, en juste à temps » est toujours d’actualité…son 3ème corollaire « et à moindre coût » est quant à lui, plus discutable…

Il ne faudrait pas oublier que 90% de nos entreprises sont des TPE/PME dont les problématiques sont loin des nouvelles technologies et de leur valeur ajoutée. 20% d’entre elles ne fournissent pas un accès Internet à leurs salariés. L’évolution des mentalités touchent donc les acteurs formation mais ne peuvent être isolées de celle des organisations.

Je suis membre du Club e-learning & Knowledge Management, groupe informel formé par des responsables de la fonction formation essentiellement grands groupes, il y a plus de 15 ans. Nous nous réunissons tous les 4 mois pour aborder les thématiques liées à la formation et au digital. On voit bien l’évolution des métiers formation à travers les différentes appellations des postes de ses différents membres au fil des ans : on est passé de « responsable formation, à responsable e-formation, responsable des nouvelles technologies de la formation, knowledge manager, responsable de l’innovation »…etc.

C’est ainsi que le digital a fait son intrusion dans l’univers formation. L’importance de l’identification des savoirs tacites et informels doit pousser le responsable formation à s’emparer de la mise en place des communautés de pratiques et ne pas laisser ces aspects lui échapper.

Avez-vous mis en place des actions spécifiques de ce type au sein de l’UIMM ?

Effectivement, j’ai mis en place des communautés de pratiques et des parcours de professionnalisation des acteurs formation de notre réseau. Aujourd’hui, les formateurs doivent être capables par exemple, de concevoir et animer des classes virtuelles ou des communautés d’apprenants, de les accompagner à distance, d’intégrer les usages et outils du 2.0. dans leur ingénierie de formation…d’animer et de contribuer à des communautés de pratiques. Formation, cartographie des compétences, digital…ma conviction est que ces domaines maîtrisés par la fonction formation conduiront à sous-tendre de réelles organisations apprenantes, celles de demain.

Propos recueillis par Christel Lambolez

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