Selon le Forum économique mondial, d’ici 2022, 75 millions d’emplois actuels pourraient être supprimés du fait de la modification de la division du travail entre humains, machines et algorithmes. Beaucoup de gens craignent que les progrès de la technologie ne menacent leur travail, leur avenir et celui de leur famille. L’impact est réel.
Nous pouvons facilement avoir peur de ces chiffres et de nombreuses personnes tentent de déterminer qui seront les gagnants et les perdants de la 4ème révolution industrielle. Mais y a-t-il une bonne raison d’avoir peur ?
Il semble que non: d’un point de vue purement quantitatif, le Forum économique mondial pense en fait qu’il existe une perspective nette positive en matière d’emploi, alors que 75 millions de postes peuvent être supprimés, 133 millions de nouveaux postes peuvent être créés simultanément.
Aujourd’hui déjà, de plus en plus de technologies et d’intelligence artificielle font leur entrée sur le lieu de travail. Mais qu’est-ce que l’intelligence artificielle et que permet-elle de faire réellement aujourd’hui ?
Que faisons-nous maintenant avec l’IA ?
De nombreuses entreprises ont réalisé d’énormes progrès au cours de la dernière décennie. Dans le monde des ressources humaines, par exemple, les organisations les plus avancées ont intégré l’intelligence artificielle dans leurs processus de ressources humaines. Je pense que c’est une période très excitante pour les ressources humaines, car l’intelligence artificielle, le machine-learning et les algorithmes peuvent vraiment nous aider à passer au niveau supérieur et à mieux servir les employés et l’entreprise.
Dans une enquête récente, Gartner a identifié les 3 cas d’utilisation de l’IA les plus courants en matière de ressources humaines et de recrutement :
- Recrutement et Talent Acquisition – utiliser l’IA pour mieux identifier les compétences des candidats et les associer aux meilleurs postes.
- Engagement des collaborateurs – analyse des commentaires des salariés dans les enquêtes menées auprès des employés pour mieux comprendre leurs sentiments à grande échelle
- Assistant virtuel ou chatbotHR – développer des chatbots pour répondre aux questions les plus récurrentes des employés et bots pour traiter des activités transactionnelles telles que la saisie de données.
Ce n’est que le début, mais ce qui se passe aujourd’hui dans le monde des ressources humaines est un bon exemple de la raison pour laquelle nous ne devrions pas avoir peur de l’IA. Presque toutes les technologies d’intelligence artificielle tentent d’apprendre du passé. Les ingénieurs essaient de faire en sorte que les codes de l’IA reproduisent des modèles qui mènent aux mêmes conclusions. Nous développons des machines pour faire ce que les humains peuvent très bien faire, comme le «replay» quand nous sommes capables de nous souvenir d’événements. C’est ce qui se passe par exemple lorsque vous vous demandez si vous avez vraiment fermé votre porte et que vous vous souvenez de l’avoir fait.
Dans le podcast DeepMind, Greg Wayne, un chercheur travaillant sur l’IA, a déclaré qu’aujourd’hui, nous formons l’IA comme nous entraînerions un chien. En donnant une récompense (un score plus élevé) lorsque le chien (l’agent, c’est à dire la ligne de code qui peut prendre des décisions autonomes) choisit les bons comportements (codés comme les meilleures décisions). Alors… devrions-nous avoir peur d’un chiot ?
Ce que l’IA ne peut pas faire … pour le moment.
Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire en tant qu’humains que les machines ne sont pas (encore ?) en mesure de savoir:
- Savoir que le passé ne signifie pas toujours la vérité
- Savoir que le changement est nécessaire
- Être capable de changement
Si aujourd’hui l’IA se concentre principalement à reproduire les expériences passées, l’enjeu est de la rendre plus humaine, c’est à dire de reproduire l’esprit humain dans toute sa complexité. Être créatif, établir des liens entre différentes informations, comprendre les émotions et les communications non parlées. De nos jours, les caractéristiques humaines ne sont pas bien gérées ou pas du tout par l’IA. Nous ne savons pas bien comprendre comment fonctionne notre cerveau aujourd’hui. Il sera donc extrêmement difficile de reproduire tout cela avec la technologie.
Nous avons toujours besoin d’humains !
La capacité à changer et à conduire le changement sont les principales compétences qui importeront dans le futur, sans savoir ce qui a été fait dans le passé. Pour cela, nous avons des machines, pour préparer l’avenir, nous avons des gens, des humains.
À mesure que l’automatisation se répand sur le lieu de travail, nous constatons la nécessité de redonner du sens au travail. Il est également de plus en plus important que l’IA soit développée avec les meilleures intentions en tête. Comme ma collègue Cécile Alper-Leroux l’a dit, nous devons faire attention à la manière dont nous élevons l’IA afin de limiter les préjugés et la discrimination (et ne pas commettre les mêmes erreurs que nous avions faites auparavant), mais je pense aussi que l’une des missions les plus importantes pour les professionnels des ressources humaines maintenant est de former les collaborateurs à l’Intelligence Artificielle. Les gens doivent comprendre comment fonctionne l’IA et doivent apprendre à travailler en collaboration avec les machines; si l’on veut que la technologie puisse vraiment nous apporter de la valeur. Les personnes qui adopteront la technologie et pourront apprendre à la gérer auront plus de chances de sauver leur emploi.
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