Initier des démarches prospectives pour son organisation et en évaluer les impacts sociétaux
Une découverte de la prospective et de ses impacts sociétaux en tant que nouvelle élue m’invite à écrire cette tribune afin de faire le parallèle avec nos démarches stratégiques RSE et la vie de nos territoires ou écosystèmes, terme plus usuel dans nos pratiques d’entreprises.
Une démarche à développer d’autant plus dans la crise du Covid que nous vivons, nous invite à penser et à créer de nouvelles façons de travailler, de collaborer en interne et aussi en externe pour détecter et développer de nouvelles relations partenariales avec les parties prenantes de son territoire.
Toutes les entreprises d’un bassin donné n’ont pas de vision de ce qui se passe sur le territoire que ce soit sur l’emploi, l’économie, liens avec leurs élus, les associations de l’environnement…
Ce que nous avons vécu, invite l’ensemble des organisations à réfléchir à leurs raisons d’être et surtout les impacts sociétaux et environnementaux que leurs effets vont produire. Ces effets vont d’ailleurs être de plus en plus observés et attendus par essentiellement la nouvelle génération sur de nombreux mouvements qui se créent notamment « Pour un Réveil Ecologique. » Ces jeunes de ce mouvement écrivaient récemment : « Nous voulons travailler pour des entreprises qui auront défini leurs utilités comme leur raison d’être, et la création d’impact social et environnement positif comme leur objectif premier. »
Selon le guide pratique de la prospective des territoires de commission des affaires européennes, « La prospective est un processus participatif d’élaboration de futurs possibles à moyen et long terme, ayant pour but d’éclairer les décisions du présent et de mobiliser les moyens nécessaires à l’engagement d’actions communes. Il s’agit avant tout d’une attitude (anticiper et vouloir) et d’un comportement (imaginer et espérer) au service de l’existence présente et future. »
Qu’est ce que la démarche de prospective ?
La prospective consiste donc à se projeter dans l’avenir, à explorer des futurs possibles. Il s’agit d’imaginer à quoi pourrait ressembler son territoire sur le long terme afin d’en tirer toutes les conclusions en matière de diagnostic. La prospective permet de changer de regard et notamment :
- D’interpeller les acteurs sur les évolutions et ruptures possibles,
- De faire jouer l’imagination et la créativité pour sortir des modèles actuels
- De donner de l’ambition de long terme au projet.
Quelques questions à se poser ?
Que peut-il se passer qui pourrait avoir une influence sur le territoire ? Qu’est-ce qui va changer ? Qu’est-ce qui va, au contraire, probablement rester identique ? Quelles sont les menaces, les risques que l’on peut identifier et qu’il va falloir prendre en compte ? Quelles sont les opportunités potentielles ?
Pour y répondre des formulations de scénarios peuvent être réalisés par différentes méthodes qui à l’occasion de réflexions visent à formaliser l’éclairage que permet la prospective comme outil d’aide à la décision. Une fois les scénarios envisagés, il est utile d’identifier les leviers de temps de mise en œuvre, et des moteurs d’actions qui permettront d’analyser l’ensemble des moyens à mettre en œuvre pour déterminer de futurs plans d’actions.
Voici quelques moteurs d’actions et leurs exploitations en exercice de prospective qui peuvent aider les organisations à réaliser ce type de démarche :
La stratégie : ce moteur est à mobiliser lorsque le projet envisagé impacte la vision globale initiale de notre projet l’organisation /ou a des impacts sur d’autres projets, et/ou implique plusieurs parties prenantes et donc des arbitrages,
Valeurs et éthique : A mobiliser lorsque le projet envisagé impacte l’agir humain, une posture morale, une habitude de comportement, un choix personnel vs collectif, l’intérêt général vs l’intérêt individuel.
Design de services (ex-Organisation) : à mobiliser lorsque l’efficacité du projet pourrait nécessiter des évolutions de l’organisation.
RH : A mobiliser lorsque le projet envisagé nécessite des moyens humains
Innovation : A mobiliser lorsque les méthodes habituelles sont insuffisantes ou non adaptées au projet, ou obsolètes, ou trop coûteuses. L’innovation n’est pas forcément technologique, elle peut être comportementale, méthodologique, coopérative.
Territoire : A mobiliser lorsque le projet dépend ou a des impacts avec un échelon territorial
Partenariat : recours à des moyens humains ou matériel tiers, associatifs, entrepreneurial, gratuit ou payant.
Après l’analyse de ces différents moteurs d’action, regardons les impacts de la démarche.
Quelles pourraient être les conséquences des différentes actions des scénarios comme impacts ?
Est-ce des impacts Sociétaux : sur la diversité culturelle, cadre et conditions de vie, urbanisme
Les impacts sont-ils économiques : ce projet crée il des richesses et de services, des créations d’emplois
Impacts Sociaux : lien social, égalité des chances, accompagnement social, santé, autonomie/capabilité des individus
Impacts Environnementaux : écologie au sens large : maîtrise des pollutions, performance énergétique, préservation (biodiversité, localité…) éducation/pédagogie pour l’environnement.
Financier : le projet crée-t-il et/ou dépense-t-il des ressources financières
Exemple concret :
En tant qu’organisation je souhaite apporter un soutien aux personnes dont l’emploi est supprimé ou compromis de mon organisation du au covid. En termes de réflexion sur cette méthode proposée, je peux donc mobiliser les acteurs de mon territoire, une fois que je les aurais identifiés. Les faire accompagner par des associations, être en lien avec les élus de ma commune, Et surtout être dans l’anticipation en définissant les moteurs d’actions et en évaluant les impacts sociaux et environnementaux.
Ces éléments pourront être communiqués et partagés dans une volonté d’être présent au sein de mon territoire. Ce sont des axes forts pour toutes entreprises s’engageant sur des démarches de raison d’être ou d’entreprise à mission.
C’est une démarche participative, active, collaborative qui intègre tout un écosystème volontaire et coopératif avec des plans d’actions concrets mobilisant de nombreuses ressources et en étant alignés avec les valeurs de son organisation. Ceci œuvre au sens des décisions, au vivre ensemble et intègre totalement et durablement la démarche RSE sur toutes les lignes de l’entreprise.
Ce n’est plus le dirigeant qui incarne sa démarche de RSE, c’est tout un système en interne et le territoire dans son ensemble qui œuvre pour l’entreprise dans la reconnaissance de ses actions.
Œuvrons de plus en plus à ces interactions porteuses de sens, vivifiantes, éthiques, développant du lien et anticipatrices pour notre avenir de demain.
Emilie Letailleur