Hong Kong. La nouvelle n’a échappé à personne : le premier patron robot a été nommé à un Conseil d’administration (Huffingtonpost le 16 mai 2014). En mai dernier, la société hongkongaise Deep knowledge ventures, spécialisée dans les investissements en capital risques, a décidé de faire participer Vital, un algorithme, aux décisions stratégiques. Elle mise sur son analyse fiable des données, notamment en ce qui concerne les résultats prévisionnels ou les futurs investissements. La programmation du robot a également l’avantage de le rendre incorruptible. De plus, ses décisions sont toujours objectives, dénuées de toute émotion.
L’approche objective des algorithmes pour recruter
Les chercheurs américains Nathan Kuncel et Deniz Ones de l’université du Minnesota ont dans le même temps publié une étude dans la Harvard Business Review : les ordinateurs identifient mieux les meilleurs candidats que les recruteurs. L’analyse de l’ensemble des données collectées (CV, notation, évaluation, compte-rendu d’entretien, etc) sur le candidat permet de voir si ses compétences sont en adéquation avec le poste, et ce, sans jugement subjectif ou a priori. Ainsi, toute forme de discrimination est éliminée. Mais est-ce que la diversité dans le sourcing est préservée ? Cela reste à voir.
Vers une direction « artificielle » ?
Ainsi, peu à peu, les algorithmes s’imposent. Le développement des nouvelles technologies de l’information a accéléré la quantité de données à traiter. Un simple cerveau humain n’a pas une capacité de traitement suffisante dans cette numérisation du monde, tandis que les robots, eux, sont toujours de plus en plus puissants et performants. La rentabilité des machines fait concurrence à l’homme depuis longtemps. Mais aujourd’hui, de nombreux progrès ont été réalisés au niveau du développement de l’intelligence artificielle et il ne faudrait pas que cette dernière prenne des décisions complexes et subtiles nous concernant. Dans son dernier ouvrage « The Second Machine Age », l’économiste Erik Brynjolfsson aborde la mécanisation du travail cognitif grâce à la puissance de calcul et d’analyse des machines et la démultiplication des réseaux (Le Deuxième Âge des Machines sur France Culture). Pour l’économiste, le nouvel âge de la machine est numérique, exponentiel et combinatoire. Les arguments de prospérité de croissance grâce aux machines ne doivent pas faire perdre de vue qu’un être humain, par sa complexité, ne peut pas être assujetti au résultat d’une simple équation. Pour reprendre une partie du discours d’Erik Brynjolfsson qui préconise une course de l’homme « avec » la machine et non pas « à côté » d’elle ou en concurrence : « La technologie seule ne suffira pas. La technologie n’est pas notre destin. Nous façonnons notre destin ».
Christel Lambolez