Membre du directoire et directeur général de MyFerryLink, Raphaël Doutrebente a eu une carrière de DRH dans plusieurs secteurs. Puis il a choisi l’aventure entrepreneuriale et est aujourd’hui à la tête d’une compagnie maritime originale. Il revient sur son parcours.
Pouvez-vous retracer votre parcours ?
J’ai démarré ma carrière professionnelle comme juriste en droit des affaires dans un cabinet d’avocats et dans un groupe à l’époque coté au Second Marché à Paris. Naturellement, j’ai évolué vers la fonction Ressources Humaines en raison de ma formation juridique. Ma formation à l’ESSEC a eu effet « booster ». Après mon Master, j’ai pu collaborer à l’écriture de « Tous DRH » et « Tous Talentueux » en binôme avec Louis Forget (professeur), tuteur de mon mémoire.
Et ensuite ?
Après divers postes dans l’Industrie et dans le domaine maritime, j’ai été appelé pour remonter une compagnie de ferry à Calais en mai 2012 avec le Groupe Eurotunnel. J’ai naturellement accepté cette proposition doublement osée car nous étions simplement deux à remonter une entreprise à partir de rien, tout en prenant le poste de directeur général, membre du directoire. Aujourd’hui, nous avons 600 salariés de part et d’autre de la Manche et nous représentons 12 % de part de marché sur un marché en croissance de 8 % en 2014.
Décider cette transition de la fonction RH à la direction générale a-t-il été facile ?
Pas vraiment, car c’était un saut vers l’inconnu même si j’y étais fortement encouragé par mes anciens professeurs de l’ESSEC et mes anciens collaborateurs. J’ai toujours aimé le management. Je me suis dit naturellement, qu’après avoir encouragé pendant toutes mes années de RH à conseiller les managers à devenir également des RH managers dans la gestion de leurs équipes, à être à l’écoute des difficultés rencontrées par leurs N-1, à insérer une dimension RH dans la stratégie des dirigeants que j’ai pu accompagner en tant que DRH, qu’il fallait que je mette en pratique mes conseils en prenant un poste de DG.
Comment vit-on cette transition? Quelles sont les principales difficultés à surmonter ?
Plutôt assez bien. Je vous avoue que mon expérience passée de juriste puis de DRH a été extrêmement formatrice. Je rêvais de démarrer un jour une activité « from scratch » tout en me disant que ce n’était réservé qu’à certains. Mon expérience dans l’Industrie et la connaissance du monde maritime ont été déterminants. J’ai recruté une équipe avec mon Président, Jean-Michel Giguet, où les valeurs humaines et l’envie de relever un défi « impossible » ont été déterminantes.
Les transitions DRH-DG sont rares. Avoir une expérience de DRH est-il un atout pour assumer les fonctions de direction générale ?
Je pense que oui. Il faut évidemment avoir eu une expérience en comité exécutif et dans des relations multi-sites pour favoriser cette adaptation. Le fait de maîtriser également quelques rudiments financiers m’a aidé à démarrer et maintenant, après près de trois années dans la fonction, tout est naturel. Subsiste évidemment des difficultés mais elles pimentent mon quotidien. La routine ne fait pas partie de mon tempérament.
Quels conseils donnez-vous aux DRH qui souhaitent vivre une transition vers une fonction de DG ?
Je leur dis : allez-y et faites-vous confiance. Travaillez bien la finance et plongez les mains dans le quotidien et l’opérationnel, sortez de votre bureau, restez passionnés par les hommes et les femmes de l’entreprise que vous dirigerez, gardez vos valeurs et mettez le potentiel humain au service du bien et de la performance de votre compagnie.
Propos recueillis par Jean-Marie Peretti
Une interview parue en partenariat avec La revue Personnel de l’ANDRH.