Alors que la guerre des talents s’intensifie, la Silicon Valley a désigné un nouveau responsable pour se charger de la conquête des meilleurs profils: le chief talent officer. Ce professionnel s’occupe de tout ce qui a trait au cycle de vie des talents au sein de l’entreprise. Cela passe par la sélection et le recrutement, le management des équipes de recrutement, le développement de la carrière, l’implication des salariés ainsi que la gestion des talents, de la progression des compétences et de l’évolution des responsabilités des collaborateurs.
Mais sous son joli nom, la fonction, en tant que telle, n’a rien de nouveau. « La dénomination donne un sentiment de coolitude et de digital, reconnaît Emmanuel Stanislas, fondateur de Clémentine, cabinet de recrutement spécialiste du Digital et de l’IT. A mesure que la ressource devient stratégique et déterminante, voire vitale, les entreprises concentrent leurs efforts autour de l’acquisition de talent. »
Rendre le recrutement efficace et fun
Le CTO n’est donc pas juste un recruteur. Puisqu’il travaille sur les talents de l’entreprise, il doit aussi anticiper les départs, les fragilités mais aussi les nouveaux besoins. Le cœur de sa fonction repose sur l’expérience candidat. Il doit proposer des méthodes de recrutements funs et montrer à ses recrues potentielles qu’il pourra les faire grandir. « Ce professionnel sert de porte d’entrée au sein de l’entreprise, considère Daniel Grunebaum, chief talent officer chez Wemanity group. Le CTO doit refléter sa culture, son ADN. En même temps, le rôle est central, il tient à cheval entre le business et le recrutement. » En tant que CTO, Daniel Grunebaum se concentre sur l’onboarding. Mais le rôle englobe en général l’expérience collaborateur dans son ensemble. Il doit proposer aux salariés des formations, des activités et un environnement qui les fassent s’épanouir.
Pour maintenir les talents au sein de l’entreprise, son action peut prendre la forme d’une mission d’audit. « Lorsque les salariés sont moins engagés, qu’ils ont perdu le sens de leur travail ou qu’il y a un turn-over important, le CTO doit analyser cette situation avec l’aide d’outils, notamment analytics, et en discuter en direct avec le dirigeant, explique Elodie Labrosse, CTO indépendante. Son rôle est tellement stratégique qu’il doit faire partie du comité de direction. » Mais comme pour le directeur des ressources humaines, le rattachement du CTO au Codir dépendra de l’importance donnée à sa mission par l’entreprise qui le recrute. Il doit surtout actionner tous les leviers possibles pour encourager l’engagement du collaborateur et sa fidélisation. « C’est un exercice de style, souligne-t-elle. Le CTO doit aussi anticiper les besoins en compétences et en formations. Il doit par exemple se demander s’il ne faut pas former des salariés en intelligence artificielle pour se développer dans les années à venir et éviter la pénurie de talents. »
Une fonction qui émerge au sein des grands groupes
Le CTO accompagne ainsi la transformation humaine d’une entreprise et pour cette raison, le poste se crée plutôt au sein des grands groupes et dans les entreprises siégeant en région parisienne. Car en effet, il faut un nombre important de collaborateurs pour justifier l’argent investi dans la création de poste. Néanmoins, un CTO peut tout à fait trouver son utilité au sein d’une start-up. De ce fait, Il est possible qu’un test soit fait auprès de ceux qui se lancent en freelance, à l’instar d’Elodie Labrosse.
En termes de rémunération, le salaire du CTO en région parisienne s’échelonne entre 60 000 et 90 000 euros en fixe. « A contrario des DRH, une grosse variable est ajoutée car le poste est très opérationnel, estime Daniel Grunebaum. Le total de l’enveloppe avec un package peut monter entre 90 000 et 120 000 euros. »
Chloé Goudenhooft