L’ outplacement consiste à gérer les transitions professionnelles des salariés. Mais derrière l’intitulé du poste se cachent des configurations différentes. Si les méthodologies peuvent être les mêmes (bilan personnel, préparation de CV…), les prestations peuvent diverger et la population cible changer. Ainsi, derrière le mot, se cache des métiers différents.
Des missions publiques
Le conseil en insertion professionnelle (CIP) est-il de l’outplacement ? Oui et non. Les nuances ne sont pas négligeables. « Pendant mes années de CIP, je m’adressais surtout à un public fragilisé voire en rupture avec le monde du travail » raconte un consultant pour le groupe Anveol. En effet, le CIP pourra exercer au sein de différentes entités : dans une agence Pôle Emploi, il aura un rôle de conseiller cherchant à « replacer » un chômeur ; dans d’autres cas de figure (missions locales, centres d’hébergement) il sera quasiment un travailleur social envoyé sur le front de la guerre contre le chômage de masse et la précarité. Cependant, depuis dix ans, certaines structures privées prennent en charge des prestations fonctionnant sur des appels d’offres publiques : ce fut le cas de l’APEC, c’est le cas aujourd’hui du cabinet Ingeus. « J’ai pu me familiariser avec plusieurs types de missions, explique Ségolène Pavie, consultante senior au sein dudit cabinet. Aujourd’hui, je travaille sur des prestations d’État dédiées aux cadres qui se rapprochent de l’outplacement proprement dit. » À fortiori, les frontières entre outplacement collectif, en cas de plan social, et insertion professionnelle sont poreuses. Au gré des besoins et choix de carrière, un CIP pourra faire de l’ouplacement et un outplaceur pourra faire du conseil en insertion sociale.
Du coaching privé
L’outplacement est trop souvent perçu comme une prestation de luxe pour cols blancs, financée par des entreprises privées. Mais un outplaceur ne travaillera pas forcément au reclassement d’un DG de PME. Du moins pas tout de suite. C’est ce qu’a constaté Daphnée Boulogne, 30 ans, présidente du cabinet de chasse de têtes Laurae Conseil : « D’après ma courte expérience dans l’ouplacement, un junior a peu de chance de faire du reclassement individuel et devra opter pour du collectif. » Le débutant ayant une certaine fibre sociale y trouvera son compte, et travaillera auprès d’une population relativement qualifiée pour lui insuffler la démarche réseau ou l’entraîner à pitcher son CV en deux minutes. Par la suite, il pourra conseiller un cadre supérieur. Ironie du sort, il lui apprendra peut-être les mêmes choses que dans l’ouplacement collectif : beaucoup de cadres sup’ n’ont pas entretenu les réflexes propres à la recherche d’emploi. Sans parler de ceux qui restent réfractaires aux réseaux sociaux. L’outplaceur devra donc les former au Web 2.0 et aux entretiens par Skype. Il devra aussi gérer les angoisses et les doutes du salarié à reclasser. « Ce n’est pas un hasard si parmi les outplaceurs, on trouve des juristes, des chasseurs de têtes, des commerciaux qui ont bifurqué mais aussi beaucoup de psychologues du travail » observe Ségolène Pavie. Par conséquent, la qualité première d’un outplaceur sera d’aimer les gens. Et d’être à leur écoute.
Guillaume Serres