Chargé de la sélection et du cycle de vie des talents au sein de l’entreprise, le chief talent officer est plus qu’un recruteur. Il doit réussir à vendre son entreprise aux talents les plus convoités du marché. Pour accomplir sa tâche, les trois compétences commerciale, marketing et RH sont nécessaires. Les CTO sont plutôt des bac + 5 mais, à ce jour, il n’existe pas de formation attitrée, d’où l’importance des soft skills pour accéder au poste. « Les professionnels qui exercent ce métier sont souvent issus de parcours RH classique ou d’écoles de commerce, souligne Daniel Grunebaum, chief talent officer chez Wemanity Group. Toutes les formations qui préparent au recrutement peuvent mener à ce métier car c’est la spécialisation du CTO. » Certains sont néanmoins issus de parcours moins classiques. « Un ingénieur peut devenir recruteur, poursuit-il. Le CTO est un caméléon, il doit être capable de se mettre dans le référentiel du candidat pour comprendre ses attentes. »
Stratégie d’intégration
A défaut de parcours royal, c’est l’accumulation d’expériences centrées sur l’approche talent qui va préparer au métier. Elodie Labrosse, CTO indépendante, a décidé de se lancer du fait de l’expertise qu’elle a acquise en matière de recrutement. Elle a travaillé 12 ans chez Adecco notamment sur l’accompagnement de la transformation digitale puis dans des cabinets comme la branche lyonnaise d’Elitis, à chasser des cadres dans le marketing digital et le e-commerce ou des profils high tech. « Mon parcours s’est construit autour du recrutement, aussi bien dans des start-up que des grands groupes. Du fait de la guerre des talents, ce que je fais, c’est plus que du conseil en recrutement, mais de la stratégie d’intégration. Il ne s’agit pas de réaliser un simple matching, il faut vraiment aller dans le détail. Cela demande une vraie gymnastique intellectuelle pour réunir le bon candidat et la bonne entreprise. »
Un charisme sûr
La personnalité du CTO comptera aussi pour beaucoup dans sa réussite. « Ce sont des gens dans le changement, dans l’ouverture », commente Elodie Labrosse. Du fait du rôle stratégique du poste, il faut aussi avoir un regard visionnaire sur les transformations du monde de l’entreprise. Enfin, la passion du CTO fera toute la différence. Pour réussir à convaincre des professionnels très convoités et déjà en poste de rejoindre les rangs d’une entreprise concurrente, il faut un charisme sûr. « Le CTO doit avoir de bonnes capacités de négociation, poursuit-elle. Cela demande beaucoup d’énergie et de force de conviction pour engager la direction dans une certaine stratégie de recrutement et l’ensemble des collaborateurs dans le sens de l’entreprise. » D’où l’importance du sens commercial chez le CTO. L’expérience candidat, qui se trouve au cœur du métier, est d’ailleurs issue des méthodes de l’expérience client. « Il faut aller démarcher les candidats, engager la conversation, vendre la marque employeur, intégrer les talents dans l’entreprise et réussir à les fidéliser », souligne par exemple Emmanuel Stanislas, fondateur de Clémentine, cabinet de recrutement spécialiste du Digital et de l’IT.
Savoir se couler dans le moule
Les profils qui correspondent le plus au poste sont des DRH ayant plus travaillé sur les talents que sur le droit du travail. « On peut trouver des consultants en recrutement qui n’ont plus qu’une marche à franchir au niveau de leur positionnement leadership », illustre Elodie Labrosse. Du fait de l’expérience et de la transversalité nécessaires pour accomplir les missions, ce poste est plutôt destiné à des profils seniors. « Une dizaine d’années d’expérience est parfois nécessaire pour être en mesure de maîtriser l’aspect opérationnel », estime-elle. Néanmoins, en fonction de l’entreprise, le CTO devra se couler dans le moule pour réussir à incarner ses valeurs. Dans le cadre d’une start-up, où la moyenne d’âge est relativement jeune, un CTO ayant une expérience de 5 à 6 ans pourrait tout à fait correspondre.
Chloé Goudenhooft