Le responsable formation a aujourd’hui un rôle de catalyseur des connaissances, d’un mentor, d’un éveilleur des potentiels, des possibles. Il n’est plus le sachant qui cumule les connaissances mais l’alchimiste qui fait émerger les compétences au sein de son entreprise. Il doit faire en sorte que les parcours individualisés permettent de révéler les différents talents de l’organisation afin que chacun y trouve sa place, en harmonie avec ses qualités et ambitions, en vue de créer une chaine de valeur au service de l’intelligence collective.
Les salariés sont aujourd’hui en perpétuelle interaction avec le monde et peuvent apprendre d’eux-mêmes. Le responsable formation doit par conséquent être un aiguilleur et leur donner l’envie d’aller plus loin dans le but de développer leur employabilité et de pouvoir se projeter dans l’avenir, au sein de l’entreprise ou ailleurs. En donnant la possibilité aux collaborateurs de s’épanouir, l’entreprise nourrit son écosystème de talents. Un salarié peut très bien par la suite créer sa propre entreprise et devenir prestataire ou fournisseur de celle-ci. L’évolution du marché du travail et de l’emploi montre que peu à peu les relations se redessinent entre les individus et les entreprises et on entre dans des logiques d’entreprise étendue qui gère des personnes internes et externes et interagit avec plusieurs communautés.
Un monde ouvert, un monde accessible, un monde de la connaissance
La salle de classe est maintenant ouverte sur le monde. Les cours les plus prestigieux des grandes universités peuvent être suivis en ligne, grâce aux Moocs. Les pays émergents l’ont bien compris et distancent la France en matière d’apprentissage en ligne [Lire la tribune de Frédéric Mischler]. L’accessibilité à des cours auxquels elles n’auraient jamais pensé donne aux populations le goût de l’apprentissage et du dépassement de soi. Aujourd’hui la France est à la traîne des classements PISA (évaluation d’élèves à travers le monde) et se laisse peu à peu distancer par des pays en pleine croissance et effervescence d’apprendre ! C’est la philosophie de la débrouille et de l’autonomie, de la soif de l’aventure et de l’ouverture.
Des E-universités mondiales voient le jour
Aujourd’hui il faut donc voir grand et on constate des rapprochements tout azimut entre les établissements de formation. Duanrui Wang, président de Weidong Cloud Education, était présent en avril dernier à l’Unesco. Un accord de coopération a été conclu pour que l’Université fournisse aux 195 états membres l’accès et les services de la plateforme. Le groupe chinois a déjà racheté le groupe français Demos, leader de la formation continue en France, et l’École de Management de Brest. Il développe ainsi en Occident un écosystème capable de couvrir la formation initiale et continue. Des classes pilotes ont été mises en place en Afrique. Cette collaboration stratégique permet de nouer des accords avec les acteurs de la formation mondiale. Selon Dai Shen, directeur général de Demos SA, les outils numériques vont permettre de permettre l’accès à la formation pour les réfugiés et pour les jeunes où qu’ils se trouvent dans le monde. Le groupe a lancé une alliance mondiale de l’Education et son projet à moyen terme est de mobiliser les étudiants répartis dans le monde entier afin de créer du contenu. Dai Shen explique : Nous sommes dans un esprit de coopération et de solidarité internationale afin de faciliter l’accès à la connaissance de tous. L’arrivée en Europe de la plateforme Weidong va étendre l’accessibilité des contenus. Nous avons la possibilité d’intégrer plusieurs plateformes LMS. La mutualisation des ressources est avantageuse pour tous les acteurs de la formation.» Jean Wemaëre, fondateur du groupe Demos, ajoute : «Nous voulons devenir des « global players » au niveau mondial. Nous avons développé des formations en ligne et sommes en train de basculer complètement dans le Digital. Grâce à nos réseaux respectifs, nous couvrons aujourd’hui le monde entier, les pays occidentaux, la Chine et les pays émergents. Avec l’acquisition de l’Ecole de Brest, nous maitrisons les certifications. Nous sommes en train d’insérer les 3 000 cours de formation du groupe Demos dans des parcours certifiants diplômants. Nous pouvons ainsi répondre aux besoins de nos clients et les accompagner dans leur transformation digitale grâce à des modules d’acculturation digitale, des offres blended ou encore des classes virtuelles.»
Un apprentissage tourné vers la pratique et l’expérimentation
L’entreprise a besoin aujourd’hui de développer son agilité pour faire face aux mutations de son environnement et ne pas subir l’ubérisation de son modèle économique. Elle doit fortement anticiper les évolutions majeures des secteurs d’activité, décrypter les tendances, voire faire la tendance. Quand on sait que 60% des métiers de 2030 n’existent pas encore, on peut mesurer le degré du chamboulement de nos organisations.
L’entreprise doit oser la remise en question permanente et l’opportunisme. Elle ne pourra le faire que si elle possède des salariés qui savent se situer dans l’organisation et à qui on donne les moyens de s’exprimer et de développer leur créativité. Pour avancer, il faut de nos jours expérimenter, tester, et ne pas avoir peur du droit à l’erreur. Or, la culture d’entreprise en France n’évolue pas assez vite pour embrasser les changements brutaux qui arrivent.
Le responsable formation a donc un fort rôle de contributeur à l’acculturation digitale et aux changements des mentalités en interne. D’ailleurs, les possibilités qui s’offrent à lui pour développer sont de plus en plus étendues jusqu’à la possibilité d’émerger complètement les salariés dans un monde virtuel ou en réalité augmentée [Lire l’interview du CEO d’Evaneo].
Ainsi, vous l’avez compris, la formation est de plus en plus connectée, indépendante, collaborative, variée, opérationnelle, individualisée, et mobile ! Le déploiement des outils et la culture numérique diffusée dans le monde entier va ouvrir de nouvelles voies d’intelligence collective et de partage des connaissances.
Christel Lambolez