Si la fonction de responsable paie a pu connaître un turn-over important, la complexification des lois tendent à fidéliser les professionnels exerçant ce métier au sein de leur structure. Les recrutements concernent surtout les cabinets comptables mais aussi les entreprises de moyennes ou grandes tailles.
Le poste de responsable paie n’est pas nouveau, mais du fait des évolutions de la législation, entre le prélèvement à la source et les implications de la loi de Finances et de Financement de la Sécurité sociale 2017 par exemple, la fonction est amenée à évoluer de même que les compétences requises pour exercer ce métier. En conséquence, les professionnels compétents sont recherchés. « Il y a plus de demandes que de candidats, observe Élodie Tabel-Diffaza, responsable gestion sociale chez In Extenso. Il est très compliqué de trouver un bon responsable paie. » Les entreprises qui recrutent aujourd’hui sur ce type de poste sont surtout les cabinets comptables et les entreprises de plus d’une cinquantaine de salariés. En deçà, la fonction est souvent externalisée. Selon Sophie Hauret, associate business director chez Robert Half, les PME ou entreprises de taille intermédiaire qui se développent et ont besoin de structurer leur département paie et ADP recherchent des responsables paie multi-casquettes et polyvalents. « C’est aussi le cas des grands groupes, dans le cadre de fusions/acquisitions occasionnant des rapprochements de services et nécessitant le recrutement de managers solides en capacité d’accompagner le changement » précise-t-elle.
De nouvelles exigences en terme de données
Néanmoins, les attentes des recruteurs vont de pair avec les évolutions législatives. Par exemple, les habitudes de fonctionnement sont déjà aujourd’hui bouleversées par la mise en norme depuis 2015 de la déclaration sociale nominative (DSN), généralisée au début 2017, qui doit remplacer la déclaration sociale et fiscale. « Elle induit plus d’exigence sur la qualité des données et sur la fiabilité du paramétrage », précise Élodie Tabel-Diffaza. En juillet 2017, toutes les entreprises devront être passées à la DSN. Cela implique que les données de chaque salarié soient correctement renseignées, sinon le logiciel risque de bloquer au moindre calcul. « Les professionnels devront donc avoir une connaissance pointue du logiciel, de la norme et du métier pour que cela se passe sans accro. Mais c’est un cap à passer. Après deux ans de mise en œuvre, les anomalies vont se réduire, ce sera au final un gain de temps », confie Élodie Tabel-Diffaza. Les professionnels de la paie doivent dès aujourd’hui se poser un certain nombre de question quand ils récupèrent les données d’un salarié : est-ce que ce dernier est affilié à la mutuelle de l’entreprise désormais obligatoire ou a-t-il une dispense, etc. « Il faut que les professionnels collectent les informations, puis qu’ils se chargent de l’analyse en fonction du droit social, poursuit la spécialiste. Si les choses ne sont pas faites au carré, dans ce flux d’information, l’entreprise risque un redressement de l’Urssaf. »
Une recherche de candidat concerne rarement la seule paie
Jusque-là, il y avait beaucoup de turn-over sur la profession, mais le processus de mise en place de la DSN a permis la fidélisation des responsables paies selon les experts consultés. Sophie Hauret avait observé une baisse des recrutements en 2015. Mais les tendances repartaient à la hausse fin 2016. « Cela dit, nous sommes régulièrement sollicités pour identifier des profils qui n’ont pas comme unique spécialisation la paie, analyse-t-elle. Très souvent, à côté, le périmètre de responsabilités porte sur la rémunération, le contrôle de gestion social ou l’administration du personnel ou encore le SIRH (système d’information des ressources humaines), un poste qui va embrasser plus de sujets que ce strict domaine de spécialisation. »
Au final, les entreprises comme les cabinets comptable vont avoir tendance à se constituer une équipe de responsables paie dans le but de penser de nouvelles méthodes et processus pour collecter des données fiables, ce qui est bonne signe pour la profession.
Chloé Goudenhooft