12.5 C
Paris
jeudi 25 avril 2024

Osons la RH à temps partagé!

LES PLUS LUS

La spiritualité redonne-t-elle du sens à l’entreprise ?

Du fait religieux à la méditation. Entretien avec Muriel Jaouën.

Les neurosciences au service de l’entreprise apprenante

Les apprenants modernes ont changé : ils n’ont plus le temps de se former. Mais paradoxalement cela devient de plus en plus essentiel pour développer...

«Le DRH doit être le pilote de la transformation en alignant le corps social et l’esprit de la gouvernance»

Interview de Marie-Alice Portmann, DRH Ayming.   Comment voyez-vous votre métier aujourd’hui et quels conseils donneriez-vous pour amener un collectif vers des objectifs communs?   Le DRH est amené...

Les DRH enclins à faire de l’ingénierie de l’innovation pour agréger les compétences

Comment la fonction RH est-elle amenée aujourd’hui à déployer des écosystèmes digitaux RH? Cela fait un peu plus de 5 ans que la fonction RH...

 

 

Vers une coopération entre acteurs et une mutualisation des ressources.

Tribune écrite par Anne Joyeau, Maître de Conférences, IGR-IAE de l’Université de Rennes 1, Sébastien Le Gall, Maître de Conférences, IMABS – Université de Bretagne Sud et Gwénaëlle Poilpot-Rocaboy, Professeur des Universités, IGR-IAE de l’Université de Rennes 1.

 

Le constat

En période de grands changements économiques et de taux de chômage élevé, il semble paradoxal de constater que les pénuries d’effectifs et de compétences persistent sur les territoires. Une des explications de ce paradoxe résulte du fait que beaucoup d’entreprises se heurtent à la nécessité de répondre à des besoins flexibles en matière d’emplois, relevant de compétences ponctuelles sur un temps limité (quelques mois par an par exemple), et/ou sur un temps hebdomadaire réduit mais dans la durée (besoin de compétences deux jours par semaine tout au long de l’année par exemple).
Face à ce constat de besoins limités ou fragmentés de compétences spécifiques des entreprises, il convient de s’interroger sur les formes d’emploi développées au sein des entreprises. En effet, les formes standards de Contrat à Durée Indéterminée à temps plein ne peuvent répondre à ces besoins spécifiques des entreprises. Les formes plus flexibles de gestion de l’emploi comme l’intérim, le temps partiel, les Contrats à Durée Déterminée par exemple, sont bien sûr possibles mais restent associés à la précarité, voire à la paupérisation des salariés et ne répondent pas à l’un de leurs besoins fondamental : le besoin de sécurité (sécurité de l’emploi, rémunération minimale pour vivre, rémunération stable …). Cette situation engendre des difficultés de recrutement et des situations de pénurie de compétences dans certaines entreprises, pouvant finalement mettre en péril leurs projets et leur pérennité avec potentiellement des conséquences sur leur territoire d’implantation.
La mutualisation des compétences via un groupement d’employeurs (GE) apparaît alors une innovation réelle pour répondre conjointement au besoin de flexibilité de l’entreprise et au besoin de sécurité du salarié. Institué par la loi du 25 janvier 1985, le GE permet aux PME-PMI d’un même territoire de se regrouper en réseau et d’employer ainsi ensemble une main d’œuvre qu’elles n’auraient pas les moyens de recruter seules. Cette configuration inter-organisationnelle spécifique génère une forme d’emploi inédite : le travail à temps partagé. Les entreprises adhérentes au groupement se partagent ainsi des compétences, répondant à leur besoin réel en termes de spécificités et de temps de travail. L’analyse de quelques sites de GE bretons témoigne de la nature très large des emplois à temps partagé allant du poste d’opérateur (production, logistique…) au poste de cadre (responsable des ressources humaines, contrôleur de gestion, webmaster…). Particulièrement adaptée à la situation économique et sociale actuelle, la progression de cette forme d’emploi reste pourtant encore limitée.

La recherche

Une étude réalisée auprès de 23 responsables ressources humaines à temps partagé, travaillant ou ayant travaillé au sein de groupements d’employeurs, et de 5 dirigeants de GE tente alors de comprendre les freins au développement du travail à temps partagé.
Les résultats montrent qu’une méconnaissance de cette forme d’emploi ralentit son essor. Mais surtout, un certain nombre de craintes, essentiellement liées à la peur de l’inconnu, en limitent le recours : un cadre juridique nouveau à appréhender, une réticence au fonctionnement en réseau, des questionnements autour de la confidentialité, de la solidarité financière inter-entreprises. De plus, la difficulté de recruter le profil adapté au temps partagé est évoquée. L’étude montre en effet que les compétences nécessaires pour travailler à temps partagé sont exigeantes et spécifiques, faisant émerger l’allégorie du salarié « caméléon rigoureux ».
Cette étude incite ainsi à l’évolution des pratiques d’une part, des acteurs de la formation qui ont la responsabilité de préparer les étudiants à répondre à ce besoin de « compétences écologiques », et d’autre part, des entreprises qui ont à innover, à coopérer et à mutualiser des ressources avec d’autres acteurs d’un même territoire.

 

Lien vers l’ouvrage « Quels métiers RH pour demain » sous la direction d’Aline Scouarnec et de Gwénaëlle Poilpot-Rocaboy, aux éditions Dunod.

Qui seront les DRH de demain ? Quelles compétences devront-ils maîtriser ? Dans le contexte de totale mutation que nous connaissons, les métiers traditionnels vont obligatoirement évoluer et d’autres apparaîtront…
Dans une démarche résolument prospective, les auteurs s’interrogent sur l’avenir des métiers RH à travers une quinzaine de courts chapitres.
Cet ouvrage collectif est le fruit de plusieurs années de reflexion sur l’évolution des métiers de la fonction RH. Il rassemble une dizaine d’enseignants en charge de Master 2 RH dans des universités et des écoles de Management et bénéficie du soutien de l’AGRH, de l’ANDRH et de l’Association des Masters RH-Référence RH.

 

Autres articles

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DERNIERS ARTICLES

Réindustrialisation, attractivité et adhésion 

En 2023, le RRHday Loire Valley s’est déroulé à Tours. Propice à l’innovation RH, la Touraine rassemble un écosystème d’entreprises industrielles et de services...

Les défis de la DINUM pour transformer l’Etat

Interview de Cornelia Findeisen, cheffe du département RH de la filière numérique de l’Etat. Pouvez-vous dans un premier temps nous présenter la direction interministérielle du...

Prochain RRHDay le 8 février 2024 – RSE et engagement des collaborateurs

  Nous vous attendons nombreux jeudi 8 février 2024, 9h-13h, à la 6e édition du #RRHDay Paris     Patrick Plein, VP Human Resources chez VINCI Energies International...

#Replay Quels leviers pour attirer les ressources de demain dans les secteurs en tension

Premier #RRHDay en région le 25 mai dernier. Un grand merci à la Smart Base RH pour sa confiance et à notre partenaire historique...

#Replay Transformation des RH pour accompagner les évolutions de l’entreprise – RRHday Loire Valley 2023

Premier #RRHDay en région le 25 mai dernier. Un grand merci à la Smart Base RH pour sa confiance et à notre partenaire historique...