La profession de chief digital officer (CDO) est récente et gagne du terrain dans les entreprises. «C’est une fonction nouvelle qui existe depuis moins de cinq ans. Le CDO est un manager expérimenté qui siège généralement au COMEX et qui est chargé d’accompagner la transformation digitale d’une entreprise, explique Ludovic Pruche, directeur du programme marketing digital et e-business des MSC et MBA INSEEC Bordeaux. Ces dernières années, les entreprises ont recherché de plus en plus de profils capables d’être opérationnels et qui ont une vraie culture digitale. Ce besoin a créer un appel d’air et les écoles ont proposés de plus de plus de formations orientée digital pour répondre à la demande.»
Des formations multiples
Pour parvenir au poste de Chief Digital Officer, un diplôme de troisième cycle est généralement requis. Il est possible de préparer une formation axée sur le digital dans différents établissements comme des écoles d’ingénieur, de commerce ou de communication. À titre d’exemple, Il est possible de suivre un Mastère spécialisé stratégie digitale à Grenoble école de management ou un Mastère spécialisé management digital et stratégie de marque à l’école ESSCA. Il existe également différents cursus en formation continue et des MBA comme celui de l’EFAP avec une spécialisation digital marketing & business.
Précisons, qu’à ce jour, peu d’étudiants ou de salariés qui intègrent ce type de formations sont issus des RH. «La formation est naturellement ouverte à ceux qui viennent des ressources humaines mais ces trois dernières années nous avons eu essentiellement des profils marketing/communication/commerce à la fois pour les étudiants en formation initiale et les professionnels», explique Ludovic Pruche à propos de ses programmes «marketing digital et e-business».
De même, Yann Gourvennec, responsable du mastère spécialisé stratégie digitale de Grenoble École de Management (GEM), note qu’il n’y a pas d’étudiants venant des RH dans son cursus. «Nous avons plutôt des profils issus d’une formation généraliste en école de commerce. Cette année sur une promotion de 32 élèves, 10 viennent de Grenoble École Management, 10 de l’École de management de Normandie, 6 qui viennent de l’École de management de Dijon ou d’autres écoles et 6 enfin qui sont des professionnels, détaille-t-il. Parmi ces derniers, on compte notamment une ingénieur informaticienne, un directeur Web, une personne qui était assistante marketing.»
Une étude (1), réalisée par le JDN à partir des cursus de 51 CDO en poste du SBF 120, semble confirmer la tendance. Les profils de diplômés RH qui deviennent CDO n’occupent pas encore le haut du panier. L’enquête révèle en effet que les professionnels de haut niveau en poste sont pour la plupart passés par de prestigieuses écoles. Dans le détail, 11 CDO affichent un MBA, 8 sont diplômés de Sciences Po, 6 d’HEC, 5 sont issus de l’ESCP, 4 de l’Insead, 3 ont fait Centrale et 3 autres l’École normale supérieure, 3 encore l’Essec. De nombreux CDO ont aussi une formation à l’international (Berkeley, Columbia ou Stanford), d’autres sont diplômés de l’EMLyon, Panthéon Assas, Supélec ou d’écoles d’ingénieurs comme Télécom Paris, Supinfo, et ParisTech. «À la sortie de nos cursus, nos étudiants sont des experts du digital. Nous les préparons à rejoindre les équipes marketing des entreprises grâce à leurs compétences spécialisées sur les supports et médias numériques, témoigne Ludovic Pruche. Ils trouvent du travail car on manque de professionnels juniors qui maîtrisent bien les sujets digitaux. En revanche c’est l’expérience qui fera qu’ils vont atteindre de vraies responsabilités de CDO au sens strict, c’est à dire piloter la transformation digitale d’une entreprise et siéger au COMEX. Être CDO est davantage une évolution de carrière à envisager dans la durée qu’un débouché immédiat après la formation.»
Se former sans arrêt
À noter que pour se lancer dans une formation axée sur le digital, il n’est pas obligatoire d’être un geek. «Il faut être motivé, avoir un bon niveau de culture générale et être intéressé par l’évolution des pratiques digitales. Il faut être capable de réfléchir en partant du client et il est donc indispensable de comprendre comment fonctionne les supports digitaux.»
Pour se former, hormis les cursus de formation classique, il est recommandé d’être alerte sur l’univers numérique. «On peut se former grâce à un MOOC, en achetant un livre sur le sujet ou en apprenant tout seul à coder ou en montant un site Web. C’est ce que nous demandons à nos étudiants qui ont créé eux-même un blog appelé Digital-me-up (2)», assure Yann Gourvennec. De son côté, Ludovic Pruche à l’INSEEC recommande de faire de la veille sur le digital et d’aller aux conférences sur le sujet pour bien comprendre comment évoluent les outils et les pratiques. «Même en poste, il faudra également se tester sur des outils digitaux pour être toujours plus performant dans son métier. Comme les pratiques évoluent sans cesse, il faudra se former aux nouveaux outils et intégrer les nouveaux comportements dans son métier. Et c’est justement cela qui est passionnant dans la profession de CDO car il y a toujours des perspectives de nouvelles choses à faire», conclut-il.
Audrey Pelé
(1)- Etude JDN menée à partir des établissements mentionnés dans les profils LinkedIn des Chief Digital Officier du SBF 120, et le nombre de fois qu’ils apparaissent sur les CV. Liste non exhaustive, et limitée aux établissements les plus connus ou apparaissant plusieurs fois.
Lien vers l’étude : www.journaldunet.com/solutions/emploi-rh/les-formations-des-chief-digital-officer.shtml
(2)- http://digital-me-up.com/2015/10/26/gem-digital-me-up/