Tribune de Charles-Henri Besseyre des Horts, directeur de la Chaire Webhelp-HEC « Capital Humain et Performance ».
Il n’est pas superflu de s’intéresser à la question de la santé des personnes dans l’entreprise tant il est important de préserver un capital dont l’importance s’accroît avec le vieillissement progressif des effectifs dans nos entreprises.
Même si cette question a connu un fort regain d’intérêt depuis près d’une dizaine d’années avec la prise en compte de plus en plus sérieuse des risques psychosociaux et des principaux facteurs de stress souvent liés à l’explosion des outils modernes de communication, l’entreprise n’a découvert que récemment la dimension cruciale du capital constitué par la qualité de la santé des collaborateurs au-delà des démarches traditionnelles de prévention . Sur le plan individuel, on peut observer le succès phénoménal d’un livre sur la responsabilisation personnelle vis-à-vis de sa santé comme celui du Dr Saldmann qui, avec plus de 500 000 exemplaires vendus, a constitué l’un des plus gros succès en librairie en 2013. Comment ne pas voir dans la concomitance de ces deux phénomènes une prise de conscience tant de la part des entreprises que des individus du fait que des efforts sérieux doivent être menés au plan collectif et individuel pour préserver ce précieux capital qu’est la santé et ceci dans un contexte où l’âge de départ à la retraite sera sans doute encore repoussé dans les pays européens ? Les DRH ne sont pas en reste car ils ont été bien souvent moteurs dans cette prise de conscience au niveau collectif et individuel. Mais il est utile de revenir ici, sur les raisons qui expliquent ce regain d’intérêt pour la santé des individus dans l’entreprise, deux leviers à la disposition des DRH pour préserver ce précieux capital et les risques liés aux actions menées.
Pourquoi un regain d’intérêt pour la question de la santé des collaborateurs ?
La première raison qui explique cette attention nouvelle portée par les entreprises, et les DRH en particulier, à la question de la santé tient au phénomène démographique signalé plus haut à savoir le vieillissement progressif des effectifs dans un grand nombre d’entreprises en dépit des politiques qui ont conduit la France à être l’un des pays où le taux d’emploi des seniors est le plus faible. Les mesures prises ces dernières années en faveur de l’emploi des seniors ne peuvent qu’inciter les DRH à en anticiper les conséquences sur le plan de la santé.
La seconde raison est d’ordre sociétal avec l’importance prise par la RSE (Responsabilité sociétale de l’entreprise) dans les politiques des entreprises qui doivent montrer dans des réalités concrètes les engagements souvent pris par les dirigeants. Dans cette perspective, les actions menées en faveur de la préservation du capital santé des collaborateurs sont parmi les plus visibles qui peuvent sensiblement renforcer la réputation d’une entreprise où il fait « bon de vivre ».
La troisième raison est plus économique dans la mesure où de nombreuses études ont montré un lien entre la santé des collaborateurs et la performance de l’entreprise à commencer par celles qui examinent l’impact de l’absentéisme et du turnover depuis les travaux sur les coûts cachés menés depuis plus de trente ans par l’équipe de l’Iseor à Lyon sous la direction du Professeur Henri Savall. Le lien entre le capital santé et la performance est de plus en plus mis en avant pour justifier la mise en œuvre par les entreprises d’actions préventives destinées à le préserver comme le souligne, depuis quelques années, l’un des grands acteurs du secteur de la prévention dans son baromètre annuel sur la santé et le bien-être.