L’usage et le recours aux auditeurs sociaux devraient augmenter, aussi bien pour répondre aux demandes en matière de bien-être des salariés que pour assister les entreprises dans leurs démarches environnementales et leur performance.
Pour attirer et retenir les talents, les entreprises doivent aujourd’hui porter une attention particulière aux questions du bien-être au travail. Les jeunes générations restent très vigilantes à la façon dont elles vont être traitées par leur futur employeur : selon une étude réalisée par l’Institut Great Place to Work en novembre 2015, 68 % des jeunes salariés sont sensibles aux attentions de leur entreprise pour leur bien-être, 64 % d’entre eux attachent une attention particulière à la convivialité, et 54 % au respect portée par l’entreprise à l’égard des salariés. Le rôle de l’auditeur social, chargé de veiller à l’environnement de travail, devient par conséquent stratégique. A ce jour, la fonction ne correspond pas à un poste exclusif. Mais la place du bien-être en entreprise devrait la propulser au sein des entreprises. Nicolas Blettner, manager exécutif senior chez Michael Page en charge des équipes RH et juridique, le confirme. Il ne recrute pas d’auditeur social à ce jour mais il estime que c’est un acteur émergent. «Tous les enjeux de bien-être dans l’entreprise et pour améliorer la satisfaction du collaborateur dans son cadre de travail et dans son bien-être vont prendre de l’importance. L’objectif sera de garantir la pérennité des entreprises.»
Un métier pour répondre à une législation changeante
Marie-Sophie Barsali-Davy, référent technique paie chez Soregor, spécialiste entre autres de l’expertise audit, comptable et sociale, indique par ailleurs que la législation est devenue très prolixe, rendant d’autant plus précieux le recours à des experts : «Le compte pénibilité, la mise en place de la mutuelle pour tous, ces nouvelles réglementations complexifient le travail des RH. Tous les ans, il y a un nouveau domaine à traiter pour améliorer le quotidien des salariés.» Les changements induits par la loi Travail, avec l’inversion des normes (l’accord d’entreprise ou l’accord de branche primant désormais sur la loi), devrait encore plus complexifier la donne. «Il va falloir faire de la dentelle !, poursuit Marie-Sophie Barsali-Davy. Si une entreprise veut être sûre qu’elle procède de la bonne manière, elle aura recours à un audit, ne serait-ce que pour comprendre les choses.»
Le métier devrait donc prendre de l’ampleur. Il se transformera aussi par l’utilisation croissante du digital dans les ressources humaines. Selon Jean-Marie Péretti, président de l’Institut international d’audit social, l’augmentation des données disponibles et l’apparition de nouveaux outils de collecte des informations renouvelleront les méthodologies de l’audit social. Cela devrait conduire à une «professionnalisation renforcée des praticiens permanents ou occasionnels de l’audit social.» Hubert Landier, vice-président de l’Institut international de l’audit social estime d’ailleurs que la fonction va évoluer en prenant d’avantage en compte la dimension RSE. «L’audit social va s’étendre à l’ensemble des parties prenantes : salariés, pouvoir public, client… , précise-t-il. De nouvelles démarches vont aussi apparaître en fonction des besoins. Par exemple, il sera intéressant de faire de l’audit de la qualité du dialogue social, ce qu’on pourra appeler le patrimoine social de l’entreprise.»
D’auditeur externe à opérationnel RH
Quant à l’auditeur social lui-même, il pourra évoluer dans le secteur des RH. «Le poste d’auditeur social interne constitue un excellent passage pour occuper ensuite des fonctions RH opérationnelles, approuve par exemple Jean-Marie Péretti. De même, ceux qui travaillent en externe pourront être recrutés par des organisations pour des postes d’auditeurs internes ou pour des postes RH opérationnels. Quoi qu’il en soit, la diversité des missions, l’évolution des risques, le renouvellement des outils rendent déjà ce métier passionnant pour lui même dans la longue durée», conclut le spécialiste.
Chloé Goudenhooft