« Si une entreprise demain veut être profitable, reconnue par nos concitoyens, la raison d’être va devenir un passage obligé, pour mobiliser les salariés, les fournisseurs, les clients, les actionnaires autour d’un objectif commun ». Voici ce qu’a répondu Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des finances à une question sur les conclusions du rapport sur l’entreprise et l’intérêt collectif, remis au gouvernement par Nicole Notat et Jean-Dominique Senard.
Le concept de raison d’être est la vraie innovation de ce rapport. Il est au cœur de ses propositions, dont il assure la cohérence : il est en quelque sorte le ciment de la nouvelle approche de responsabilité élargie des organisations, qui les incite à réfléchir à leurs finalités, a leurs impacts, à la contribution qu’elles apportent à la société. Sans mettre à bas notre système économique – et moins encore l’économie de marché – il rend nécessaire et transparente la confrontation et la recherche des meilleurs compromis entre les parties prenantes de l’entreprise.
Une page se tourne, celle de l’absolutisme actionnarial, qui depuis les années 1980 et la phase de financiarisation de l’économie s’obstinait à réduire l’entreprise à sa simplification juridique, la société, décrite par notre vénérable Code civil (sans changement notable depuis… 1804) comme une réunion d’actionnaires. L’entreprise est beaucoup plus que cela : un groupe humain fédéré par la participation à un projet de développement, apporteur de ressources diverses (financières, humaines, naturelles,…) et prêt à une prise de risque. On ne peut pleinement comprendre la notion de raison d’être si l’on fait l’économie de ce débat essentiel sur la définition de l’entreprise et de ses finalités. Par faute de place, je me contenterai ici de renvoyer au rapport que j’ai réalisé pour Terra Nova sur « L’entreprise contributive » .